Au même titre que
l’histoire, les questions contemporaines sont un des piliers de ce concours
commun. Il est bien difficile d’accéder à Sciences Po en n’obtenant pas la
moyenne à l’une de ces épreuves. Cette épreuve de questions contemporaines
permet de mesurer les capacités des candidats à tenir une démonstration sur un
sujet imposé, ce qui implique des qualités de forme et de fond.
En ce qui concerne les qualités de forme, la
première à rechercher est la clarté
dans l’expression. Le candidat doit présenter sa pensée de la manière la plus
claire, la plus simple, en évitant d’avoir recours à des phrases complexes ou à
des tournures grandiloquentes.
La simplicité
et la neutralité doivent aussi
être de mise. Plus le sujet est complexe, plus le candidat doit s’efforcer de
rester simple et d’éviter un jargon parfois bien mal employé. Il faut se méfier
des styles lourds et indigestes pour toujours rechercher les phrases les plus
courtes. Le style attendu doit, en outre, se garder d’entrer dans un registre
trop engagé. Il faut être neutre, choisir des mots toujours sobres en évitant
les superlatifs ou exagérations, en éludant le risque de politiser sa copie sur
des sujets épineux. Une personnalisation excessive des copies est souvent
critiquée : elle doit être évitée car elle n’est pas adaptée à l’exercice.
Le « je » est naturellement interdit, tout comme la présence
d’opinions personnelles qui ne doivent transparaître que dans la problématique
et le plan retenus.
Une copie homogène
et élégante est également
recherchée. Dans l’année qui vient vous devez travailler à trouver votre style
de rédaction. Un style qui vous distinguera des autres candidats et qui donnera
au correcteur l’envie de lire votre copie. Ce style doit être permanent, il ne
doit pas varier d’un paragraphe à l’autre, d’une partie à l’autre. Les fautes
d’orthographe sont à proscrire tout comme les incorrections grammaticales ou
les erreurs. Dix fautes mineures peuvent être tolérées dans une copie écrite
rapidement, mais aucune faute ne peut être admise en introduction, dans les
phrases titres ou en conclusion. Les fautes graves font rapidement perdre de la
crédibilité à votre copie, elles doivent donc être surveillées. Au-delà de dix
fautes, le correcteur est habilité à vous retirer deux points – précieux – qui
peuvent vous condamner à passer en dessous de la barre des dix.
En ce qui concerne le fond, les exigences sont
avant tout celles que l’on est en mesure d’attendre d’un bon élève de
terminale. Les copies doivent être abondamment référencées. Il faut chercher à
citer le plus grand nombre d’auteurs de référence en lien avec le sujet qui
viendront appuyer votre démonstration. C’est l’objet de ce livre.
Votre copie doit donc montrer l’étendue de
votre culture générale qui doit être précise,
concrète et actuelle. Votre
démonstration doit s’appuyer sur des auteurs de référence, des connaissances
précises qu’elles soient « classiques » ou issues d’un suivi précis
de l’actualité. L’objectif de cette épreuve est notamment de remplacer ou de
fusionner les épreuves d’actualité et de culture générale qui étaient présentes
dans les concours des IEP avant l’héxaconcours. Les correcteurs chercheront
donc à voir si vous pensez à allier votre culture générale, issue de vos
enseignements de français, de philosophie, d’histoire-géographie ou de sciences
humaines et sociales - et votre maîtrise de l’environnement contemporain. C’est
pourquoi l’épreuve ne se nomme pas culture générale, mais questions
contemporaines.
Pour réussir cette épreuve, il
est donc très important de présenter un raisonnement structuré et illustré répondant précisément au sujet, c'est l'objet de ce blog. Les
correcteurs sanctionneront l’étalage de connaissances sans lien avec le sujet
et assimilé à un hors-sujet. Il est très important que le sujet ne soit pas
traité de manière partielle, pour conserver la dimension qui lui a été fixée,
c’est-à-dire une réflexion globale sur la thématique fournie.
Outre la culture du candidat, cette épreuve
cherche à évaluer les capacités du candidat à avancer des idées précises et claires.
Trop de copies confondent exemples et idées, alors que votre plan doit toujours
partir des idées et être illustré par des exemples. Ces idées doivent être agencées
de manière logique et ordonnée. Nous reviendrons sur le choix
du plan pour cette épreuve, mais dans le cas d’un plan en deux parties, deux
sous-parties, souvent conseillé pour l’épreuve de questions contemporaines, il
est indispensable de présenter huit idées dans votre copie. Chaque idée doit
occuper une quinzaine de lignes dans lesquelles vous développerez sa portée, à
l’aide d’un auteur ou d’un argument de référence. Vous illustrerez clairement
cette idée par le biais d’exemples précis et actuels que vous trouverez sur ce site.
Pour comprendre la forme de cette épreuve, il
est intéressant de regarder quels sont les sujets issus des thèmes des années
précédentes. Ainsi en cinq années, le concours a proposé huit thématiques et
autant de sujets.
La première année, le thème « environnement » et « identités » a amené un sujet sur
chacun des thèmes : « Une politique de l’environnement
est-elle possible ? » Et « Affirmer les identités, est-ce
nécessairement affirmer les différences ? » Chaque sujet porte donc clairement sur l’un
des thèmes dont le mot figure dans l’énoncé.
L’année suivante, les thèmes
« guerre » et « capitalisme », ont amené deux
sujets : « Peut-on « civiliser » les manières de
faire la guerre ? » Et « Internationaliser marchés et échanges,
est-ce conjurer la guerre ? » On voit ici que les deux sujets portent le
mot « guerre » alors qu’aucun n’aborde le terme de
« capitalisme ». Le second sujet portait pourtant clairement sur ce
thème, mais sur une question qui croisait en fait les deux thèmes. Il était
donc, ici, impossible de faire l’impasse sur la préparation d’un des sujets.
En 2010, il était plus difficile d’imaginer
des sujets croisés tant les thématiques semblaient éloignées. Ainsi pour les
thèmes « vieillesse » et
« médias », les sujets
ont été : « Une société qui vieillit est-elle condamnée au déclin ? »
et « Dans quelle mesure les médias sont-ils le reflet de la société ? »
Deux leçons à retirer de ces sujets, la première c’est que pour la première
fois, un sujet n’utilisait pas tel quel le mot de la thématique puisque
« vieillesse » devient « une société qui vieillit ». La
seconde, c’est que le sujet peut être posé sous une forme proche d’une
problématique avec cette expression « dans quelle mesure », il
fallait pourtant reformuler ce sujet pour bien le traiter. Un sujet ne peut
jamais être repris tel quel en problématique.
En 2011, pour les thématiques
« argent » et « frontières », les sujets proposés
étaient : Les pouvoirs ont-ils besoin de frontières ? Et, argent et
démocratie. Si les deux mots figurent à nouveau dans le sujet, force est de
constater qu’une différence majeure avec les autres années est apparue, un
concept clé a été adjoint au sujet à savoir « démocratie » et
« pouvoirs ». Ces éléments doivent rappeler au candidat, que s’il est
nécessaire de bien travailler les thématiques à travers l’ouvrage que vous avez
entre les mains, il n’en est pas moins important d’être équipé d’une solide
culture générale pour ne pas passer à côté des autres mots du sujet.
L’an dernier, pour les thématiques
« religion » et « sport », les candidats ont dû réfléchir à
deux questions relativement complexes : La laïcité est-elle la garantie
des libertés religieuses et le sport est-il une affaire d’Etat(s) ?
En résumé, on voit que l’épreuve telle qu’elle
se présente offre des sujets en lien direct avec les thèmes à travailler, qui
demandent toutefois une solide culture générale. Il est impossible pour le
candidat de faire l’impasse sur l’une ou l’autre des thématiques car un sujet
« croisé » peut être proposé, mêlant étroitement les deux notions.