lundi 31 décembre 2012

Peur des sciences : Quels effets sur la santé de la pilule contraceptive ?


Il y a quelques jours, une jeune femme de 25 ans annonçait qu’elle déposait plainte contre le laboratoire pharmaceutique Bayer qui commercialise la pilule contraceptive Meliane. Elle accuse cette pilule dite de troisième génération d’être à l’origine de son accident vasculaire cérébral en 2006, qui l’a laissée lourdement handicapée.
Que veut dire pilule troisième génération ? Les risques pour la santé sont-ils connus et avérés ? Le cas échéant, pourquoi ne pas les retirer du marché ? Eléments de réponse.

Combien de femmes prennent une pilule  troisième ou quatrième génération ?

Légalisée en 1967, la pilule est aujourd’hui - de loin - le moyen de contraception le plus populaire en France, utilisée par la moitié des femmes âgées de 15 à 49 ans qui ne souhaitent pas être enceintes.
A LIRE Etude de l’Inserm sur la contraception en France
Les pilules première et deuxième génération sont apparues sur le marché dans les années 1970. Si les toutes premières ont quasiment disparu de la circulation (seule la marque Triella reste sur le marché), les pilules deuxième génération (Minidril, Ludeal...) sont encore utilisées par 2,1 millions de femmes.
Les pilules troisième génération (Desobel, Edenelle, Mercilon...) ont commencé à être commercialisées dans les années 80, suivi de près par les quatrième génération (Jasmine, Bélanette...) : à elles deux, elles concernent 1,7 million d'utilisatrices... Qui pour la plupart d’entre elles sont bien incapables de dire à quelle «génération» appartient leur pilule. Et pour cause : ce n’est pas écrit dans la notice de la plaquette... 
DOCUMENT : le tableau des pilules, triées par génération (en pdf) ici

Quelles sont les différences ?

C’est essentiellement une affaire de progestatif, comme l'explique Danielle Hassoun, gynécologue à Paris : «La différence entre les pilules de deuxième et de troisième et quatrième génération tient à la nature du progestatif contenu dans ces pilules. En modifiant la molécule, les laboratoires espéraient une amélioration des effets secondaires (acné par exemple). Mais les études faites sur la tolérance de ces pilules ne montrent pas de façon évidente une amélioration de ces effets secondaires.»

Y a-t-il des risques pour la santé?

«Comme pour n’importe quel médicament, des risques existent, répond du tac au tac l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Mais ce n’est pas parce qu’un médicament a de possibles effets secondaires qu’il faut le retirer un marché. C’est toujours un calcul entre les bénéfices et les risques que l’on réévalue régulièrement.»
L’ANSM (ex-Afssaps) est chargée de l’autorisation et du retrait des médicaments. Son directeur est lui aussi visé par la plainte déposée vendredi dernier par la jeune femme handicapée à la suite d’un AVC qu’elle attribue à une pilule troisième génération. Dans un entretien à l’AFP, elle raconte qu’elle prenait depuis trois mois cette pilule lorsqu’un AVC l’a plongée dans le coma. Elle souffre aujourd'hui de graves séquelles. Pour ses avocats, l'ANSM aurait dû retirer du marché les pilules de troisième et quatrième génération au nom du principe de précaution.
Les risques encourus avec la pilule sont de deux sortes. L’un, commun à toutes les pilules contraceptives, est artériel. Prendre une pilule, quelle qu’elle soit, augmente le risque de faire un accident vasculaire cérébral. Mais, insiste l’ANSM, «les contraceptifs oraux de troisième génération ne présentent pas de surrisque par rapport aux pilules de deuxième génération. Le risque est le même contrairement à ce que dit la jeune femme.»
Le deuxième risque encouru est d’ordre veineux. En 2011, l’Agence européenne du médicament (EMA) s’est penchée sur la question et a conclu que le risque de thromboembolie est deux fois plus élevé chez les femmes utilisant une pilule de troisième génération que chez celles prenant un contraceptif de deuxième génération. Etant précisé que ce risque, potentiellement très grave, reste extrêmement rare : «de l’ordre de 4 cas pour 10 000 contre 2 cas pour 10 000, selon les projections épidémiologiques menées à l’échelle européenne», précise l’ANSM.

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